Le ventilateur...
Il est si loin au fond de la carrière mais si proche dans mes souvenirs...
" Je dois aller vers le fond ,tout au fond , appuyer sur le bouton de ma peur , je suis le dernier dans la carrière, à l'entrée il y a mon père qui s impatiente..
Je tiens fermement ma lampe , j'avance dans le sentier vers le fond , loin de la lumière du jour..je tourne le pointeau de ma lampe à carbure .Le bec siffle , la flamme me projette sur la masse , je suis grand , je suis fort..
Je sens mon coeur me battre car j'ai peur ..il reste si peu de distance pour appuyer sur le bouton ..si peu pour être grand..Une main vers ma peur une autre sur la lumière...J'ai préparé ma fuite , courir en ligne droite , courir vers la sortie...
A peine appuyé il démarre , dans son fracas il aspire la journée de travail, la sueur des hommes , il coupe la lumière du puits ,enleve mon ombre, me fait disparaître..
Dans son vacarme il me fait fuir , trébucher , je vole au dessus des champignons , d'une main je fais renaître une étincelle, mon ombre fidèle resurgit...Dans la rue de service je fais des pas de géants ,d' une main je protège la flamme de ma lampe je cours si vite contre le vent , si vite à mouiller mes yeux...
_ T'as fais vite , t'as laissé entrouvert la porte de la cave..?
_ oui P'pa..."
Le petit homme partait souvent le dernier , il économisait les heures des "ouvriers"..le petit homme devait vaincre sa peur , dans le cas présent à la fin de la journée il allait remettre en route le ventilateur ..il fermait les portes , arrosait ...il devait être ..